Que de fois, assis à l’ombre d’un Olivier,
Les nuages se mouvant au gré du vent,
Mon
esprit volage abandonnant mon corps pétrifie,
Voguait en plein ciel, planant sur BERGUEM bien souvent.
BERGUEM,
mon village natal, je te dédie cet ouvrage,
Exprimant
des sentiments affectueux et sincères
Dans
l’espoir de m’acquitter de ce message,
Et
libérer mon âme avant que tout ne soit réduit en poussière.
Toi,
BERGUEM qui m’a donné le jour et la vie
Toi,
qui m’as vu tant de fois pleurer et sourire,
C’est
en pensant à toi que j’ai envie
De
sortir d’un exil qui me fait souffrir.
J’ai
envie de m’asseoir et me mettre à l’aise,
Sur une natte au café de Si EL Mahdî,
Sirotant
du thé préparé sur les braises
Plutôt
qu’un jus au « café Riche » ou au « Coq Hardi ».
BERGUEM
! Sais- tu qu’en souvenirs riche est ton passé.
Tellement qu’il y en a je ne sais par quoi commencer.
Dommage
que personne ne soit là le temps d’un soir
Pour
éclairer mon esprit et me rafraîchir la mémoire.
Au
moment où tout le monde, la nuit dort,
Au moment où l’enfant se blottit contre le corps
De
sa mère, attendrissant, récitant des prières,
Laissant
couler des pleurs de ses paupières.
Au
moment où je respire, l’aurore, l’air des champs ;
Mon âme fugitive émerge du néant en silence
A cet instant, je reviens à toi, village de mon enfance
Que de souvenirs encore
gravés dans ma mémoire
Que je ne saurai, de mon âme, effacer,
Me hantant sans cesse, matin et soir
Me rappelant O ! Combien souhaitées les images du passé.
Que je ne saurai, de mon âme, effacer,
Me hantant sans cesse, matin et soir
Me rappelant O ! Combien souhaitées les images du passé.
Que de nuits sans sommeil sassant et ressassant,
Sous un ciel noir étoilé ou régnait, en maître, le croissant,
Les rêveries d’adolescent aux bords des ruisseaux,
Les moments crépusculaires, le chant des oiseaux
La saison des pluies, les rigueurs de l’hiver,
Le vaste horizon, la rudesse du désert,
Les épis, bercés par le vent, prêts à mûrir.
L’orphelin, ses pleurs et ses profonds soupirs
Ils jaillissent de mon
esprit à toute heure,
Tantôt douloureux, tantôt plein de bonheur,
Avec leurs lots d’ombre et de lumière,
Inondant les champs et les humbles chaumières
Tantôt douloureux, tantôt plein de bonheur,
Avec leurs lots d’ombre et de lumière,
Inondant les champs et les humbles chaumières
Rien n’était plus beau
que de voir
Les fleurs vermeilles s’épanouir au printemps,
Les roseaux se mouvoir avec la brise du soir,
Les cigognes se pavaner dans les champs,
Les enfants au sourire angélique et charmant,
Le soleil au doux relief de diamant.
Que dire des vastes champs de légumes et de luzerne,
Irrigués par des rivières caracolant dans la plaine,
Peuplés d’arbres fruitiers et de rustique demeures,
Paradis pour paysans éreintés, ruisselants de sueur
Les fleurs vermeilles s’épanouir au printemps,
Les roseaux se mouvoir avec la brise du soir,
Les cigognes se pavaner dans les champs,
Les enfants au sourire angélique et charmant,
Le soleil au doux relief de diamant.
Que dire des vastes champs de légumes et de luzerne,
Irrigués par des rivières caracolant dans la plaine,
Peuplés d’arbres fruitiers et de rustique demeures,
Paradis pour paysans éreintés, ruisselants de sueur
Peut –on oublier les
délices de El Haoiara , notre « plage »
Aux eaux claires ou se miraient de formidables ombrages,
N’ayant son égal ni sur la côte ouest d’Amérique,
Et encore moins en Méditerranée, pas plus en Atlantique.
Aux eaux claires ou se miraient de formidables ombrages,
N’ayant son égal ni sur la côte ouest d’Amérique,
Et encore moins en Méditerranée, pas plus en Atlantique.
Presque tous les jours de
l’année que dieu fait,
ElFokra , dont le symbole n’étant autre que El Hamba
Les nantis à dos d’ânes, les déshérités à pied
Se rendaient aux prés sans se soucier de la vie ici –bas.
ElFokra , dont le symbole n’étant autre que El Hamba
Les nantis à dos d’ânes, les déshérités à pied
Se rendaient aux prés sans se soucier de la vie ici –bas.
Ouled Kaddour, habitués à
errer au village,
Traversaient Essed, évitant un inabordable rivage
Les privant d’admirer, l’été, un paysage d’amour ;
La nuit étant, à cette époque, pus belle que le jour
Traversaient Essed, évitant un inabordable rivage
Les privant d’admirer, l’été, un paysage d’amour ;
La nuit étant, à cette époque, pus belle que le jour
Tout le monde dormait à
la belle étoile
Emerveillé, admirant dans un silence pieux,
Les astres illuminant un ciel sans voile,
Qui semblait prédire la joie dans un monde radieux,
Emerveillé, admirant dans un silence pieux,
Les astres illuminant un ciel sans voile,
Qui semblait prédire la joie dans un monde radieux,
Quant rêveur flirtant
avec l’étoile du berger,
Revivant les soirs, veilles du souk.
Et par tant de souvenirs submergé,
Je revoyais la silhouette de Cheikh El Metrouk.
Revivant les soirs, veilles du souk.
Et par tant de souvenirs submergé,
Je revoyais la silhouette de Cheikh El Metrouk.
Debout, comme un lion
dans la savane,
Le regard intelligent, faisant voltiger sa canne,
Arborant un sourire malicieux, frottant les mains,
Il pensait déjà au gain qu’il réaliserait le lendemain.
Le regard intelligent, faisant voltiger sa canne,
Arborant un sourire malicieux, frottant les mains,
Il pensait déjà au gain qu’il réaliserait le lendemain.
C’était l’occasion,
aussi, pour les adolescents
De s’adonner à cœur joie, dés le jour naissant,
Courir dans tous les sens, le crâne rasé, les pieds nus
Malmenant les campagnards crédules sans retenue
De s’adonner à cœur joie, dés le jour naissant,
Courir dans tous les sens, le crâne rasé, les pieds nus
Malmenant les campagnards crédules sans retenue
Le lendemain, alors que
l’aube émergeait de l’Horizon
Et qui si Berrabah appelait à la prière et à la raison,
Tu te réveillais de ton sommeil, abordant chaque mardi,
Dans la ferveur, le coeur plein d’extase et de mélodie.
Et qui si Berrabah appelait à la prière et à la raison,
Tu te réveillais de ton sommeil, abordant chaque mardi,
Dans la ferveur, le coeur plein d’extase et de mélodie.
Et quand la clarté
de l’aurore se faisait intense
Et que la vie reprenait avec l’art et la manière,
Des troupeaux de moutons revenant de la transhumance.
Arrivaient, par vagues, soulevant un nuage de poussière.
Et que la vie reprenait avec l’art et la manière,
Des troupeaux de moutons revenant de la transhumance.
Arrivaient, par vagues, soulevant un nuage de poussière.
Les béliers en tête,
emmenant brebis et agneaux,
Des chèvres indisciplinées, imitées par leurs chevreaux,
Sortant des rangs, se faisaient rappeler à l’ordre
Par des bergers faisant usage de leurs cordes
Des chèvres indisciplinées, imitées par leurs chevreaux,
Sortant des rangs, se faisaient rappeler à l’ordre
Par des bergers faisant usage de leurs cordes
Toutes ces bêtes
protégées par des poils ou toisons,
Sous le soleil et la pluie, ça dépend de la saison.
Séparément garrottées corps contre corps.
Attendaient que l’homme daigne décider de leur sort.
Sous le soleil et la pluie, ça dépend de la saison.
Séparément garrottées corps contre corps.
Attendaient que l’homme daigne décider de leur sort.
L’ambiance était,
également, dans les écuries,
Partie prenante du village,
outre la jumenterie.
Combien y en avait-il ?
neuf, dix peut être d’avantage.
Gérées par Belhadji ,
Bezza et autre Barka le sage.
C’était un relais
rassemblant des hommes et des bêtes,
Logés à la même
enseigne mieux que ne l’aurait espéré Noé,
Se servant
harmonieusement du dortoir et de toilettes,
Se saluant «
bêtement » et se faisant même des souhaits
A la fin de l’été, gaie,
paisible et sereine,
Tu voyais le soleil,
autrefois radieux, devenir palissant,
Se lever sans
enthousiasme et se coucher avec peine
Et la verdure s’effaçant
devant un feuillage jaunissant.
L’été emportant plaisirs
et extases sublimes,
Offrait la douce nature
aux jours gris d’un automne
S’annonçant brumeux et
morose comme de coutume
Par des longues nuits
ténébreuses et monotones.
L’arbre dégarni, le sol
jonché de feuilles mortes,
Cheikh Ouled El Meskini ,
vieux célibataire,
Constatait avec
mélancolie une âme agonisante
La flore qui se mourait
devant le vide et le désert.
De pauvres gens, sans
ressource et sans gîte,
Dans ce monde misérable
rejetés, seuls et taciturnes.
Voyaient, d’un œil
triste, un ciel s’assombrir vite,
Présageant des jours
blafards et des nuits sans lune.
BERGUEM ! Sais –tu que,
ni Alger la blanche avec ses grande artères,
Ni Oran El Bahia et son
superbe front de mer,
Ni Bel Abbés, son
vignoble et riche terroir,
Ni Tlemcen, ni Cirta,
villes d’art et d’histoire,
Ne pourront extirper, de
mon cœur ta passion.
Ni le sud, ses palmeraies
et ses oasis à ciel ouvert,
Ni Adrar ni Ilizi et leur
climat tropical,
Ni Ghardaïa et ses beaux
mausolées dont elle est fière,
Ni Blida ville des roses
et du festival
Ne me font oublier ton
soleil radieux et éblouissant.
A mille lieux, j’entends
le zéphyr caressant tes roseaux,
A mille lieux, j’imagine
le murmure de tes eaux,
A mille lieux, je respire
ton air au parfum si doux
Au moment de la traite
des vaches et du retour du troupeau.
Que sont devenus tes
nombreux arbres et rivières
Où se rafraîchissaient
les chevaux, au vent, les crinières,
Tes ruisseaux
ombragés et tes majestueux peupliers
A l’ombre desquels,
tristement le soir, je m’asseyais
ELGARA que nous avons
escaladée, tous, un jour
A la recherche de
l’inspiration et de l’amour,
Dominant les champs
verts, loin, à l’horizon,
Paysage enchanteur,
sublime et ravissant.
Au pied de cette colline
prodigieuse
Se profilait le rail sur
une étendue rocailleuse
Et le train desservant la
ligne Bechar –Oujda, par Bouarfa,
Cloué au pilori, ne sifflera
plus trois fois.
Que diable est-elle
devenue la coquette petite gare ?
Que nous admirons à
l’arrivée du train et au départ
Signalés par des
sifflements, tantôt courts, tantôt longs
S’immobilisant et
s’ébranlant dans un fracas assourdissant.
Elle n’est plus la même
gare qui égayait le village.
Abandonnée, saccagée,
elle a tout perdu au passage
De vandales aussi
dévastateurs qu’un cyclone ou un typhon
C’est aussi douloureux
qu’une mère perdant son enfant.
Si un responsable sans
foi, ni loi, a profané ton prestige,
La nature n’a pas, pour
autant, ménagé tes vestiges.
Que de ravage ont été
l’œuvre de L’AM SAKSKHA en furie
Ou du capricieux OUED
CHAREF débordant son lit.
Rien ne leur résistait,
emportant tout sur leur passage,
Hommes, bêtes, arbres,
cailloux et autres buissons,
Les rejetant, beaucoup
plus loin, sur le rivage ;
Mauvais présage
précédant le temps des labours et des moissons.
LAGRABA, havre de paix de
sidi Blal.
Qui en avait fait son
empire,
Reliant Harg El –Assel,
éclairé par l’étoile
Qui se lève, le soir,
dans l’azur
Sillonnée par des ruelles
tortueuses,
Trop étroites, en hiver
boueuses ;
Cernée de petits murs
gris et maussades
Un asile pour pauvres
gens, réfugiés et nomades
Ils étaient tous vieux ou
presque
Pour qui le temps n’était
plus important,
Assis, le dos au mur à la
peinture fresque,
Egrenant leurs chapelets
en attendant
L’heure ou la rosée ou
soleil s’évapore
Comme la vie qui ne
résiste point à la mort.
Ils se racontaient des
histoires d’une autre ère,
Telle que la grande
épopée de l’Emir Abd El Kader.
Ou l’insurrection de C
cheikh Bouamama
Couronnées par
d’éclatantes victoires
Dans les monts de Beni
Chograne et les steppes de Naama
Fiers de ces guerriers
qui enivrérent l’histoire.
Sidi Brahim, un des
nombreux marabouts,
D’une grande piété toute
particulière,
Accueillant les
populations des hameaux,
Inondait la région de
chaleur et de lumière.
Béni par tous les dieux,
Honoré par la population
qui la vénère,
Entouré d’anges et
protégé par les cieux
Les femmes l’exhortaient
par des prières
« Ya sidi !Kheira, ma
fille est venue te voir
« Elle ne dort plus,
faisant des cauchemars,
« Ignorée par son mari,
fils de chien
« Lui préférant Bakhta,
la fille de voisin »
« Moi ô ! saint respecté
par les rois,
« Dieu ne m’a pas donné
de garçon,
« Ma concubine, la
sorcière en a trois,
« Mal élevés, de vrais
polissons
« Renversant tout sur
leur passage ces vermines,
« Que me ferai –je pour
avoir Lahcen et Lhoucine »
Toi, BERGUEM qui as donné
la vie à de braves gens,
Honnêtes, disciplinés,
gentils et bons,
Tu as enfanté des escrocs
et des voleurs,
Des maquereaux et des
bagarreurs
Je rappelle au bon
souvenir de tous
Abderrahmane El Fayouh et
Mohamed Boulanouar
L’un, grand et fort comme
un ours
L’autre agile et
dangereux comme un jaguar.
Toi, BERGUEM qui as donné
la vie à de braves gens,
Honnêtes, disciplinés,
gentils et bons,
Tu as enfanté des escrocs
et des voleurs,
Des maquereaux et des
bagarreurs
Je rappelle au bon
souvenir de tous
Abderrahmane El Fayouh et
Mohamed Boulanouar
L’un, grand et fort comme
un ours
L’autre agile et
dangereux comme un jaguar.
Les Berguemis se
souviendront de la grande bagarre,
Déclenchée par El
Fayouh et Ould Boulanouar
Dans une nuit couverte de
ténèbres obscures,
Percée par moment, par la
lueur des lampes à carbure
Eclairant, aux derniers
veilleurs, leurs chemins
Le soir après une rude
journée sens lendemain.
Les deux hommes se
trouvèrent au bar LACROIX, face à face ;
Le vin coule à flots, les
nerfs tendus, le calme fugace,
S’observant et épiant
tout geste annonciateur d’une attaque,
L’un se fiant à ses
poings l’autre comptant sur sa matraque.
Quand les esprits
commencèrent à s’échauffer
Chaâla, par le vin
éméchée, fit signe de la main
A sa fille Zaouïa, par
son travail, occupée au buffet,
D’un imminent danger mais
en vain.
Boulanouar, par qui le
scandale arrive, sort du bar,
Et invite El Fayouh à le
suivre dare- dare
Seuls face à face, comme
dans une arène
Se portant des
regards pleins de colère et de haine
Pris de vitesse un
gourdin s’abattit sur sa tête,
Ould Boulanouar vacilla,
bien sur ses jambes, il résiste
A la face d’El Fayouh il
envoya un violent direct
Des lors, la rue se
transforma en bataille rangée très vite
Le bar se vida en un laps
de temps, la bagarre fit rage ;
Les coups fusèrent de
toutes part, le sang gicla des visages,
Aux injures s’ajoutèrent
des insultes très vulgaires,
Dans la foulée Hamou
BOUGARA se vit envoyer les quatre fers en l’air.
L’histoire retiendra pour
les générations futures,
Que ces « gladiateurs »
prenant, à témoin, le monde et la nature
Ne cherchèrent ni gloire,
ni vaincu, ni vainqueur,
Simples furent leurs
funérailles, ils moururent en seigneurs.
Il y avait aussi, des
mendiants, hommes, enfants et femmes.
Croupissant sous des
kheimas ou habitant d’humbles chaumières
Rêvant tout éveillés
devant l’âtre sans flammes
Dans un silence religieux
des nuits noires sans lumière.
Un soir, le crépuscule
jetant son manteau sur la plaine,
Un homme, aveugle, de
haillons vêtu, répondant au nom de Lahdjaji
Déblayant d’un bâton sans
chemin avance avec peine.
Le visage livide, il
s’arrêta devant la demeure de Senhadji
Ayez pitié de ce
vieillard ! disait –il d’une voix plaintive
De derrière la petite
porte, en bois, entrebâillée,
Une femme sortit, maculée
de henné, une main furtive,
Lui tendit une galette
d’orge et du lait caillé.
Il but d’un trait le lait
et mit dans sa gibecière
Le pain à l’abri de la
pluie et de la poussière.
Je me rappelle un autre
triste jour d’hiver,
De gros nuages couvraient
un ciel menaçant.
On vivait à l’époque au
milieu des ennuis et des misères
J’aperçus deux petits
êtres de froid frémissant.
Debout, de loques vêtus,
le regard perdu, chargé de pitié,
L’aîné à peine cinq ans,
tenait par la main son petit frère,
Peur de s’en séparer ou
peur de le perdre dans l’obscurité.
Peurs, tout les deux, de cette
foule moins dense naguère.
Dans un sentiment de
solidarité, deux âmes charitable s
S’approchèrent de ces
frêles créatures très vulnérables
Et se regardant
tristement dans les yeux avec anxiété,
Tahar Oussaoud adopta
l’aîné, Si Bentoumia le petit.
Un des événements
marquant à l’époque ton histoire
Celui de Massaouda , mère
d’enfants, le teint noir,
Courageuse et
entreprenante, loin de la vieillesse,
Ne connaissant pas la
fatigue et encore moins la paresse.
Au cours d’une nuit
sombre sans étoiles
La lune n’étant pas au
rendez –vous,
Elle décida après une
discussion banale
De pénétrer, vaille que
vaille, dans le jardin de Khroumou
Assise à califourchon sur
un lit de paille,
Convaincue par un
stratagème lui paraissant sans faille,
Elle décida après mûre
réflexion
Et par le temps pressée,
de passer à l’action ;
Enjambant la petite
rigole jouxtant sa demeure,
Elle avança dans la nuit
à pas comptés sans peur.
Elle commit l’erreur de
sous estimer la vigilance de khroumou,
Ce vieux briscard qui, de
son fusil, la tenait en joue ;
Jouant avec sa vie pour
une poignée de fèves,
Messaouda regrettera,
plus tard, l’imprudence d’une veuve.
Qui est là ? Lança
t-il d’un temps menaçant,
Prise de panique,
Messaouda à la faveur de la nuit
Bondit, aussitôt,
derrière les buissons,
Se cachant doucement,
sans faire de bruit
Jamais elle n’eut
autant la frousse
Qu’un lièvre fuyant un
chien a ses trousses.
Soudain une déflagration
déchira le silence,
Atteinte à la cheville
par une chevrotine,
Massaoua, traînant « la
patte », maudit l’indigence,
La pauvreté, le veuvage
et la famine.
La nouvelle se répondit
vite à bout de champs,
Alimentant les commérages
du matin au soleil couchant ;
Humiliée, elle jura, par
ses Dieux, de se venger
Mais en vain, elle mourut
un demi siècle après.
Autre histoires, celle de
Lala Lalia, vivant en ermitage,
Dans le cimetière
courbant, chaque jour, l’échine davantage,
Ne demandant rien à Dieu
et au vaste univers
Si ce n’est que vivre
loin de Ould Elaïdi et ses compères.
Ne craignant ni, la
chaleur de l’été, ni le froid de l’hiver,
Ni la clarté aveuglante
du jour, ni l’obscurité de la nuit,
Elle fuit autant le son,
que l’image et la lumière
Ecumant sa rage à l’abri
des curieux et loin du bruit.
C’est dans ce monde
lugubre quand tout dort,
Qu’elle chercha la vérité
ou se remémorer des souvenirs
Rampant de tombe,en
tombe, interpellant les morts,
Du fond des tombeaux
s’élevèrent des voix qui la déchirent.
Hurlant et
vociférant des propos confus puis se tut,
Au moindre bruit, elle
resta attentive,
Regardant le ciel couvert
de gros nuages épais,
Prévenante, elle demeura
sur le qui-vive
Il lui semblait entendre
un esprit mystérieux l’appeler,
Serait –il celui d’un
ange ou celui d’un démon ?
Elle trembla de tout son
être le regard voilé,
Perdant toute lucidité
jusqu’à ignorer son propre nom.
Tout à coup un éclair
jailli dans le ciel noir de nuages
Précédant une grosse
averse ou un violant orage,
S’en suivit le
tonnerre brisant un silence total,
Lala Lalia trouva son
salut accroché à une pierre tombale.
Mais l’aventure nous
rendant,Lahbib et moi heureux
Eut lieu un jour
bien ensoleillé du mois de juin,
Sur le chemin de l’école,
le caractère envieux,
Revigoré par l’air frais
du matin
Lahbib ,récitant,
quelques vers chemin faisant,
Côtoya un homme assis ,
comptant de l’argent .
La rougeur lui monta au
front
En voyant, étalé par
terre,
Un billet neuf de mille
francs
Qui changerait son
univers
S’il arrivait à s’en
emparer ;
Tâche difficile certes !
mais pas désespérée.
Il s’approcha de l’homme
à pas de loup ;
Feignant une maladie et
des douleurs,
L’homme continua ,sans
détourner le regard de ses sous
A compter et recompter ,
comme s’il eut peur
De se tromper sur le
juste compte ou pour s’en assurer ;
A cet instant , le billet
fit « une virée »
Dans la poche de Lahbib
,il s’engouffra par enchantement,
C’est alors qu’il reprit
son chemin allégrement.
Etant bons copains depuis
notre folâtre enfance,
Partageant les moments de
chagrins et de souffrances,
Lahbib, délirant de joie
, me fit don de la moitié,
Par devoir aimait-il dire
plus que par générosité.
Ce jour là le soleil
brille aux éclats dans l’azur,
Les fleurs embaumèrent,
d’odeur de jasmin, la nature,
Les papillons dansèrent
une farandole entre les lilas
Et les plantes
s’épanouirent dans les prés, ici et là.
Que de braves gens sont
passés, depuis, de vie à trépas,
De Ba Aziz ,Si Aïssa à
Mokradj oujda ,en passant par Pippa ,
De vrais hommes, tel le
brave Rabah ou l’intrépide Ben Ali
De la candeur de Si
Mohamed Rsol au génie de si Larbi.
Souvenez –vous de ces
humbles faisant la joie du village
Zaki, Ali Citir,
N’hari dont je garde une vivante image ,
De la nonchalance de
khroumou au regard oblique de Touirto
Fidèle compagnon dans les
beuveries du soir , de Ahmed Chato.
Si je m’amusais à citer
les noms des gens au passé élogieux,
Si je m’évertuais à
dresser la liste de tous les gueux,
J’userais énormément de
plumes et viderai beaucoup d’encriers,
Je remplirais autant de
pages que de matin le soleil se lève sans briller.
Je me contenterai de
citer d’autres noms
De gens, ni riches, ni
célèbres, d’autres de renoms,
Aux uns, gloires et
fortunes, aux autres, peines et misères,
Ceux vivant au chaud et
ceux bravant les affres de l’hiver
El Hadj Naïmi , notre
Tolstoï ,Cheikh des Ouled Hamadi
Entretenant bien
corps pour conserver santé et esprit,
Etalon arabe pur sang ,
destiné à la reproduction,
Il féconda une famille
d’intellectuels , fainéants et paysans.
Caïd Si Bahous ,au regard
terrible d’un émir
Seigneur vénéré ,se
faisant obéir et se faisant servir,
Ecouté et respecté des
siens ,redouté par ses ennemis,
Intransigeant, ne
tolérant ni, adversité, ni compromis
Si Allal Ben
Mohamed Mejdoubi,
Illustre théologien qui
fut à l’époque ,notre cadi,
Certifiant actes et
documents assis à même le sol
Aidé dans sa besogne par
ses fidèles et serviteurs adouls.
Si Abdelkrim Ben Mohamed Ben Allal Ben Cheikh Bentayeb
Membre influent et guide
des Ouled Sidi Abdelhakem,
Descendant des Ouled Sid
Cheikh, renommés dans le Maghreb,
Fut député et plusieurs
fois élu maire de Berguem.
Homme politique et avéré,
soucieux des libertés,
Cheminant, avec prudence,
d’abrupts sentiers,
Il oeuvra avec cœur et
témérité dans le silence
Faisant preuve de
discrétion et d’intelligence.
Il devint marocain par la
force des choses,
Vivant ,âme et cœur ,
dans le passé,
Défonçant murailles et
portes closes
Offrant le sacrifice de
réaliser un vœu jamais effacé.
Djazaïri dés les
premières lueurs de l’aurore
D’une vie accompagnée de
chant pieux ,
Le sang de ses aïeux,
dans ses veines coulant encore
Lorsque , résigné , il s’inclina
devant la sentence de Dieu.
Homme sans épée,
cependant homme d’action ,
D’une supériorité morale,
pétri de qualités ,
Ignorant la rancœur ,
plutôt plein de compassion,
Homme combatif , homme
vertueux , homme de pitié,
Homme téméraire , homme
indulgent, homme simple
Il mourut de la mort des
enfants du peuple.
Si El Mehdi , toujours
par l’appât du gain ,attiré
Se rappela qu’en plus de
la profession de cafetier
Il jouissait de la
hardiesse d’un taleb timoré
Volant au secours, par la
hantise terrifiés,
Des jeunes mariés, la
nuit des noces, de ne pouvoir
Vaillamment remplir les
devoirs conjugaux d’un soir
Dans le Hammam de El
Bennani en fête,
Soigné par Chraïba et
choyé par son vizir,
L’heureux élu ,
faisant sa grande toilette,
Se laissa emporte par
l’extase et le plaisir.
A cet instant , Si El
Mehdi fit une apparition
Bréve soit –elle que tout
le monde remarqua
Impassible ,
affichant une suspecte intention
A l’adresse du futur
époux qui ,aussitôt , paniqua .
Le soir ,en
rejoignant, sous les you you , sa douce moitié
Dans la chambre nuptiale,
embaumée de Bkhor et de lotion ,
L 'infortuné époux,
par Si El Mehdi ,obsédé
Se sentit ,psychiquement
,impuissant dans l’action
Appelé à la rescousses et
par l’argent alléché,
Si El Méhdi se sachant
attendu, arriva « illico presto ».
Sûr de sa magie ou sûr de
la naïveté affichée
De sa victime qui prit de
l’assurance aussitôt.
Si El Mehdi ,l’homme à la
valise rouge d’un jour,
Tel que décrit , si bien,
par l’immortel Omar Bachkito
Ignorant tout des
saintetés de l’amour,
Etait capable
d’emmener son monde en bateau.
Il y avait aussi les Hadj
Ali , Katan Chaabane Chtaïba ,
Lacroix ,Zaroual ,Damiens
,Jaquenot , Bouchta El Hamba
Hourgmane , Titoukh , Moulay Mellouk , Karassiona , Kribeche,
Bakha, Cheikh Barraho ,
Houmada , Lamkadem , Abdeslam et Latreche ,
El Khaladi , Benziane ,
Ameur , Balamdayer , Moulay Azzi,
Abdelatif ;(un bide de
leu ) Sid el wali et Elkarzazi,
Cheikh ould Ameur , Bachir ould Lahdjaji , Dhaymine , Benslimane
Boualam Ou Mendil ,
Kaddour Znasni , Dris et larbi Ould Berchéne
Ouled Si Laredj , Ouled
Benaïssa , Ouled Sassi et Ouled N’har,
Bami , Moise ,
Benkimoune, Drizi , Nessim , Zegai et Zibar,
Ahmed Tert , Bellagroun , Ould Chaïla , Ouled Maati , Bouhroura,
Si Mohamed Ben Abdelleh , dahou , Ouled Mina , Abdeljabbar,
etc….
Ceux qui dansèrent au
rythme de la valse et de la samba
Et ceux qui vibrérent au
son du bendir et à la mélodie de la gasba.
Et vous braves
génitrices, Mères et grand mères,
Tantes, sœurs et toutes
les nourricières,
Kheira Lakhlifia , kheira
Bent Sidi Ali, Souiliga , bakhtaouia ,
Taous, Hana Talia , El
Kaouania et autres El Hachmia,
Je ne vous ai pas
oubliées, vous êtes dans mon cœur,
Dans mes pensées prêtes à
tout moment et à toute heure
Pour nous protéger du mal
et contre les malédictions
Beaucoup de poètes rêvent
de boire de tes eaux vives
Chanter, danser avec
inverse entre tes larges rives ;
Ceux la même qui n’eurent
pas le plaisir d’appréciai tes vertus
Prient pour tes héros,
morts ou vivants le sais –tu ?
Et afin que nul mortel ne
soit, dans ce monde, banni
Et afin qu’il ne se voit
refuser, dans l’autre, le paradis,
La convoitise d’un seul
grain de blé « EL MAROUANI »
Lui serait fatale comme
l’apprit , à ses dépens , Bouazza fils de Cadi.
Enfin il serait aberrant
de ne pas rendre hommage à Aïn Trian
Fief de Si Tayeb, le
cycliste et du cantonnier COUKIANE ,
Douce quand la fraîcheur
de la nuit , en été , s’installe
Animée par le
bourdonnement des scarabées et le cri des cigales .
En fin de journée , le
turban bien serré autour de la tête ,
Si Tayeb , tremblant de
froid , rentre chez lui à bicyclette .
Seul , le corps penché en
avant , le vent lui cingle le visage,
Respirant avec peine, il
pédale encore et encore avec rage .
Et c’est maintenant à
cause d’une affaire de frontière bête
Que je ressens ce que
voulait dire Du Bellay , le poète ,
« Quand reverrai –je,
hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée et en
quelle saison
Reverrai-je le clos de ma
pauvre maison
Qui m’est une province et
beaucoup d’avantage. »
BERGUEM , berceau de mon
enfance , je t’adresse un lointain Adieu,
Je ne suis plus jeune ,
je suis devenue vieux
Je ne serai plus là pour
entendre dans le silence
Les longs gémissements
monotones d’un vent impétueux,
Les coassements des
crapauds abondant les terrains marécageux,
Caresser les chevaux et
entendre leurs hennissements.
Tout est envolé, je suis
las, la mort me guette, je suis moribond.
Vous tous, hommes et
femmes, bêtes, soleil, ruisseaux, brises pluie,
Hirondelles, colombes,
perdrix, abeilles, le jour et la nuit,
Tous les arbres
fruitiers, jujubiers, mûriers et Tmar Ettork ,
Introuvable sur les rives
du Bosphore à Larnaka ou New York.
Thym , armoise , truffes
, champignons, gerboises et fauvette,
Restaurant , gargote,
cabaret, tripot et buvette ,
Je vous conjure , faites
du jour de ma mort un jour de joie et de fête ,
Moi, votre frère et ami
de toujours, Ahmed Bessedet.
Je fais miennes , sans
fause modestie aucune,
Les belles strophes de
l’écrivain Boileau
Sachant qu’après la mort
vers laquelle je m’achemine
Vous viendriez, un jour,
fleurir mon tombeau.
« U n poème insipide et
sottement flatteur,
Déshonore à la fois son
héros et son auteur. »
c'est un bel hommage d'Ahmed Bessadet à Berguent, village qui l'a vu naître et grandir. Il a l'élégance de partager avec nous ses souvenirs qui font partie de la mémoire collective de tous les Bergmis qui ont vécu durant la période à cheval entre la période coloniale et cette des indépendances.Je reconnais pratiquement tous les lieux dont il a parlé avec amour et fierté. j'ai également en mémoire certaines personnes qui ont fait la réputation de Berguent. je déplore cependant l'absence de toute référence à des intellectuels bergmi qui ont eu une audience non seulement nationale mais aussi internationale.
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